Table ronde du congrès du SNPTES de Chasseneuil du Poitou : Comment valoriser et améliorer l’enseignement supérieur et la recherche publics
Dans un contexte où la compétitivité mondiale et les besoins sociétaux en matière de formation et d'innovation sont en constante évolution, il est essentiel de repenser, renforcer et améliorer les pratiques, les structures et les objectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche publics. Il convient non seulement de s'adapter aux exigences contemporaines, mais également d’anticiper les défis à venir.
Lors du colloque des 70 ans du SNPTES-unsa, cette table ronde a réuni Gérard Blanchard, vice-président ESR de la région Nouvelle-Aquitaine, Maelle Crosse, ingénieure de recherche en pédagogie universitaire à l’université Rennes 2, Hendrik Eijsberg, responsable administratif du collège doctoral et postdoctoral à CY université, Sébastien Laforge, vice-président RH de l'université de Poitiers et Maelle Nizan, présidente de la FAGE.
Au cours de cette table ronde, trois axes clés furent développés : la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur, l’intégration de la recherche dans le cursus universitaire, la collaboration avec le monde économique.
L’innovation pédagogique se développe avec le rapport de notre société au savoir : l’attente d’approches nouvelles, éco-responsables et inclusives sont centrées sur le développement de compétences plutôt que sur l’acquisition d’un savoir. La transmission reste toujours au centre du processus d’apprentissage, et se sert de plusieurs méthodes choisies en fonction de l’objectif pédagogique. Des équipes pédagogiques se développent dans les établissements d’enseignement supérieur. Elles regroupent des personnels enseignants, des ingénieurs en pédagogie et des correspondants handicap. La question de la formation des enseignants chercheurs est identifiée comme un levier favorable à l’innovation pédagogique pour la transmission. Le lien des établissements d’enseignement supérieurs avec leur territoire est également un enjeu important, notamment dans la mise en œuvre de formations professionnalisantes en lien avec les universités. Les régions mettent en œuvre leurs prérogatives pour améliorer l’accès a l’enseignement supérieur pour tous, par le logement, les transports, et le subventionnement de l’enseignement supérieur. Il est regrettable que des formations supérieures technologiques et professionnalisantes soient développées par des établissements privés par manque de financement par l’état de l’ESR public. Les étudiants et les familles s’endettent pour des formations privées parfois sans débouchés. Les freins sont très clairement identifiés par le manque de financements pérennes. En effet, les réussites des universités aux appels à projets permettent de développer des innovations pédagogiques, sans assurer la continuité dans le temps après la fin du projet. Malgré les excellentes innovations pédagogiques au service des usagers, en lien avec les territoires, l’image des universités reste parfois mauvaise, ce qui alimente la place de formations privées lucratives sans débouchés.
La place de la recherche dans les cursus universitaires concerne évidemment le master et le doctorat. Mais faire de la recherche, et se former par la recherche : est-ce le même sujet ? Quid de la place de la formation par la recherche dès la licence ? La structuration par les politiques publiques par exemple par l’initiative « Sciences avec et pour la société » accompagne cet enjeu au-delà de la formation des personnels de recherche.
Il s’agit de former tous et toutes les citoyennes pour l’acquisition de compétences, qui permettent de s’ouvrir sur le monde, de s’émanciper et qui développent l’esprit critique. La recherche puis sa valorisation dans le monde permet de lutter contre l’obscurantisme. La formation et la place des docteurs dans notre société est un enjeu crucial. Un des enjeux dans ce domaine réside dans l’accompagnement et le financement dans les laboratoires publics des contrats doctoraux, avec des collaborations avec le monde socio-économique. La recherche n’est pas la seule à bénéficier des compétences des jeunes chercheurs. Pour cela, la lisibilité de leurs compétences doit être renforcée dans la globalité du monde socio-économique.
L’écosystème d’innovation accompagne le monde socio-économique. Cet environnement est constitué des laboratoires de recherche, des entreprises et des centres techniques qui font le lien. L’ensemble de cette chaine de maturation va permettre des innovations socio-économiques via des financements par l’état et/ou par la BPI France (Banque publique d’investissement). Le rôle de la société et de la jeunesse est primordial dans la transformation de la recherche en innovation disponible pour la société. En effet l’acceptabilité des innovations par l’ensemble du monde académique, de la population ainsi que l’envie des jeunes pour certains apprentissages ne peut faire l’objet d’adéquationnisme imposé par les entreprises seules. Au contraire, un lien du monde socioéconomique vers la pédagogie, donne du sens aux apprentissages dans les formations universitaires.
Pour conclure, nos intervenants ont chacun émis un souhait. Nous souhaitons une meilleure collaboration de l’ensemble des acteurs qui permettra de mieux travailler ensemble pour le bénéfice des personnels et des usagers de nos établissements publics. Nous souhaitons que chaque doctorant et chaque doctorante soit recruté et financé dans de bonnes conditions pour mener à bien son travail de recherche. Nous souhaitons des moyens humains et financiers qui manquent cruellement pour la vie étudiante. Nous affirmons qu’il est urgent que l’État français régule l’offre des formations privées lucratives de l’enseignement supérieur. Nous revendiquons que la France investisse dans l’enseignement supérieur et la recherche publiques à hauteur des besoins et des enjeux sociétaux.
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