Pour le SNPTES, les « Key Labs » ne sont pas l’avenir du CNRS
Le CNRS a annoncé la création de “Keys Labs” lors de la convention des Directeurs de ses unités de recherche, le 12 décembre 2024. 25% d’entre elles, représentant 46% de ses chercheuses et chercheurs, recevront prioritairement et massivement le soutien de l’institution (Subventions et postes). Quels laboratoires ? Quelles disciplines ? Le SNPTES ne le sait pas encore mais certainement la guerre entre instituts et certains laboratoires continue en coulisse pour arracher une étoile.
Toutefois, le SNPTES est d’ores et déjà attentif à la situation de 75% des laboratoires et de 54% de chercheurs et peut-être plus d’ITA qui se retrouvent après cette annonce, dans une situation encore plus difficile qu’elle ne l’est avec les incertitudes politiques, économiques et sociales de cette fin d’année.
Le SNPTES peut affirmer que ces personnels se sentent d’ores et déjà déclassés et délaissés par le CNRS alors qu’ils s’engagent tous au quotidien pour que la recherche française dans leur domaine soit la plus compétitive et la plus productive avec pourtant des moyens de plus en plus limités. Ils ont à cœur de faire avancer les connaissances, répondre aux enjeux si nombreux auxquels le monde actuel est confronté, de former de nouveaux ingénieurs, enseignants et chercheurs, de valoriser à tout niveau leurs travaux et de diffuser au plus grand nombre leur passion de la science.
Pour le SNPTES, ces laboratoires vont perdre leur attractivité et à terme, faute de ressources et de moyens disparaître avec leur patrimoine scientifique et technique. Alors que la compétition internationale s’intensifie, est-il raisonnable d’en ajouter une nouvelle entre unités, disciplines et collègues au niveau national ? Est-il responsable de tirer un trait sur des centaines de recherches d’excellence qui seront peut-être l’ARN ou le matériau magique de demain ?
Le SNPTES s’interroge également quant aux conditions de travail et de recherche dans ces “Keys Labs” tournés exclusivement sur la performance et le maintien du “label étoilé”. L’une des principales sources de mal-être au travail dans les laboratoires est, déjà, le financement par “Projet”.
Enfin, pour le SNPTES, il convient également d’étudier aussi les conséquences sur l’aménagement du territoire, de l’engagement des tutelles associées en France et à l’étranger en réaction à la création de ces laboratoires de seconde catégorie.
Ce projet pousse de manière ultime la recherche dirigée à l’inverse de ce qui fait la plus performante et la plus originale sur le long terme. Rappelons-nous l’esprit des pères fondateurs du CNRS, Jean Perrin et Jean Zay : “Dépasser les frontières de la connaissance, promouvoir et favoriser et le foisonnement des activités”, (Journal du CNRS 295, Hiver 2019) comme aime le rappeler Antoine Petit, son actuel PDG, qui prépare plutôt son démembrement.
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