Rentrée universitaire 2020 : un point de rupture ?
Les conditions d’accueil des étudiants pour la rentrée universitaire 2020, voire pour l’ensemble de l’année universitaire, restent incertaines et seront conditionnées par l’évolution de la crise sanitaire de la COVID-19. Cette pandémie s’impose à tous et nous n’avons pas d’autres choix que d’y faire face et de trouver des solutions pour que la mission de formation des établissements du supérieur soit assurée. Cependant, si des nouvelles organisations pédagogiques sont nécessaires, elles sont l’affaire de tous. Pour le SNPTES, il est impératif que tous les personnels et les étudiants soient associés aux discussions, dès maintenant, pour décider de ce qui sera éventuellement mise en œuvre l’an prochain. Le SNPTES a pu le mesurer récemment, l’inquiétude des collègues pour la rentrée prochaine est grande, tout autant que leur fatigue, et il est indispensable que soient prévues les modalités d’accueil des étudiantes et étudiants.
Le SNPTES tient à brièvement rappeler quelques éléments de contexte dans laquelle se présente cette rentrée 2020 :
- 20 000 étudiantes et étudiants de plus dans le supérieur par rapport à 2019 sont attendus. Cette augmentation liée à la démographie est continue depuis des années et n’a jamais été compensée par des recrutements nécessaires de personnels (cf. Les cahiers de la recherche et de la formation n°5 - Le financement de l’enseignement supérieur) .
- Les futurs étudiants qui intégreront le supérieur le ferons après 4 mois d’enseignement à distance. Malgré l’investissement sans faille des enseignants du secondaire, de nombreux lycéens sont en grande difficulté scolaire faute d’une formation en présentiel. Ce contexte particulier ne fera qu’amplifier l’échec en L1 qui, en temps normal, est déjà trop important. Ces futurs étudiants nécessiteront un suivi soutenu l’an prochain afin de les conduire à la réussite de leur cursus en sachant qu’un suivi à distance décuple la difficulté. Le problème se pose de façon identique pour les étudiants déjà dans le supérieur cette année et qui se retrouvent en décrochage à cause du confinement. En outre, l’influence du niveau social étant d’autant plus marquée dans la réussite scolaire lors d’enseignement à distance, le SNPTES ne tolèrera pas qu’une partie de notre jeunesse soit sacrifiée !
- L’hybridation des formations, à distance et en présenciel, prend énormément de temps et de ressource pour être mise en œuvre ; les travaux pratiques dans certaines formations sont indispensables et pourraient ainsi devoir être dédoublés si les conditions de distanciation physique sont encore nécessaires, etc. Tout ce surcroît de travail pour assurer notre mission de formation serait pris au détriment de celle de recherche particulièrement impactée depuis mars.
Le SNPTES a pu lire dans la presse que la Ministre, Frédérique Vidal, invite les établissements à réfléchir au maintien de cours à distance pour 2020. Le SNPTES exige donc que tous les personnels soient associés à cette réflexion mais surtout que l’État ne se contente pas d’invitations. La situation actuelle impose une programmation budgétaire d’investissements dans les formations publiques du supérieur, dès maintenant ! Le sous-investissement dans l’enseignement supérieur, que le SNPTES dénonce avec force depuis des années, nous a mené à une situation désormais intenable. La crise sanitaire actuelle nous fait entrevoir le point de rupture de notre système d’enseignement supérieur. Parce que ce qui nous attend à court terme, mais aussi à long terme, exige que nos concitoyens bénéficient d’un haut niveau d’instruction, le SNPTES mettra tout en œuvre pour obtenir une loi de programmation pluriannuelle d’investissements massifs dans l’enseignement supérieur et la recherche.
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