Conseil d’administration du CNRS du 3 décembre : le SNPTES vote contre le budget 2016 !
Déclaration des représentants élus du personnel sur les recrutements chercheurs
Les derniers chiffres qui viennent de nous être présentés sur la campagne de recrutement chercheurs 2015 font apparaître une détérioration de la situation de l'emploi chercheur caractérisée par un maintien de la pression à l'entrée et une poursuite de l’élévation de l’âge moyen de recrutement. Cette situation est particulièrement aigüe dans les sciences humaines, sciences de l'écologie et de l'environnement et sciences biologiques, où l’âge moyen d'entrée dépasse largement les 33 ans.
Les représentants du personnel demandent qu'avant le concours 2017 soit organisé un concours « spécifique ». Il permettrait de donner à une classe d’âge lésée par des années de pénurie sa chance d'apporter toute sa contribution à l'avancée des connaissances.
Si le budget 2016 marque une étape en restant stable pour la première fois depuis des années, les dégâts des baisses passées ne sont pas en voie d'être effacés. Ainsi, en 2002, le CNRS se composait de 11 774 chercheurs et 14 362 ingénieurs, techniciens et administratifs (ITA). Il n’est plus, en 2014, que de 11 116 chercheurs et 13 631 ITA. La perte d’effectifs, en douze ans, est de 1 389 agents physiques payés, toutes catégories confondues, ce qui représente en proportion la perte d’un agent sur 20. Jamais l’effectif du Centre n’a été aussi faible depuis 1988. Dans le même temps, la population du pays a crû de 7% et les défis scientifiques, médicaux, sociétaux - comme l’a souligné l’appel lancé par le président de l’établissement le 18 novembre dernier - ne cessent de croître.
Même si le budget 2016 doit permettre le recrutement de 311 chercheurs et de 311 ITA, par le simple remplacement des départs en retraite, le SNPTES, s’il reconnaît l’effort fourni, ne peut se contenter de mesures insuffisantes pour rattraper le retard accumulé.
Pour le SNPTES, l'arrêt de la baisse des moyens est cependant un élément positif, mais ne saurait déclencher un enthousiasme injustifié. La stabilisation du budget du CNRS à un niveau faible ne permettra pas de cacher la crise des moyens des laboratoires dont certains n'ont plus les moyens de travailler. Ainsi l'agence nationale de la recherche (ANR) reçoit un demi-milliard d'euros dont une trop grande partie est affecté à sa propre administration. De même, six milliards d’euros aujourd’hui s’évaporent dans le dispositif obscur du crédit d’impôt-recherche (CIR). Sans parler des sociétés d’accélérations de transfert de technologies (SATT) et autres dispositifs destinés à financer la recherche industrielle, qui n'emploie que bien trop peu de doctorants.
Considérant à la fois les aspects positifs (arrêt de la baisse du budget du CNRS) et négatifs (pénurie générale des moyens liés à la baisse des moyens affectés à la recherche), le SNPTES a voté contre le budget présenté. Un bilan des SATT a finalement été présenté, sans vote, sous la pression des organisations syndicales et notamment du SNPTES, et malgré la volonté du représentant du ministère de ne pas rendre compte de l’activité des SATT.
Le bilan fait apparaître l'importance des sommes dépensées en millions d’euros pour des résultats bien maigres. Le SNPTES reste vigilant quant au suivi des dépenses engendrées par les SATT. Des versements à deux SATT (Conectus et Lutech) ont été votés, le SNPTES votant contre eu égard à la non-transparence de cet exercice.
Un bilan des recrutements au CNRS a été présenté. L'âge moyen des recrutements ne cesse d'augmenter : 32,6 ans en chargé de recherche 2e classe (CR2) ; 37,3 ans en chargé de recherche 1e classe (CR1), avec des pics en sciences humaine et sociale (34,3 ans), en sciences biologiques et en écologie environnement (33,7 ans).
Pour le SNPTES, comment le CNRS ose-t-il parler de recrutement de jeunes chercheurs quand l’âge de recrutement augmente ainsi ? La pression au concours se fait plus forte aussi avec 26 dossiers CR2 pour 1 poste avec des pics au-dessus de 30 dans certains instituts. Le SNPTES a demandé l'ouverture d'un concours spécial, en plus du concours normal, dans ces instituts (INSMI, SHS) pour rattraper le manque de postes. La direction du CNRS a enregistré la demande.
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